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Le lac du cauchemar (Poème de HP Lovecraft)


La Lune dans un ciel noir - Moon in a dark sky - Bouresse-Juillet 2015(10)
Le lac du cauchemar
Il y a un lac dans la lointaine contrée de Zan,
Au-delà des régions habitées par l'homme,
Où médite seul, dans un état hideux,
Un esprit mort et désolé ;
Un esprit ancien et impie,
Lourd d'une effroyable mélancolie,
Qui des eaux ternes et profondes
Fait surgir des vapeurs de pestilence.
Sur les berges, dans un bouclier d'argile,
Se vautrent des choses d'une offensante corruption,
Et les oiseaux curieux qui atteignent ce rivage
Ne sont jamais plus revus par les mortels.
Ici brille le jour un soleil ardent
Sur des étendues vitreuses que personne ne contemple,
Ici s'écoulent la nuit de pâles rayons de lune
Dans les profondeurs béantes.
Il n'est dit que dans les cauchemars
Quelles scènes se déroulent à la lueur de ces rayons ;
Quelles scènes, trop anciennes pour la vue de l'homme,
Gisent englouties dans la nuit éternelle ;
Car ces profondeurs sont seulement arpentées
Par les ombres d'une race muette.
Par une nuit exhalant les relents du mal,
J'ai vu ce lac, assoupi et tranquille ;
Tandis que dans le ciel blafard voguait
Une lune gibbeuse qui brillait et brillait.
J'ai vu les étendues fangeuses de ces berges,
Et les créatures immondes qu'abritent les marécages ;
Lézards et serpents en proie à des convulsions mortelles ;
Corbeaux et vampires se putréfiant ;
Tous ceux-là, et au dessus des cadavres,
Les nécrophages qui en tirent leur pitance.
Et, alors la lune redoutable s'élevait dans les cieux,
Chassant les étoiles de la voûte céleste,
Je vis les eaux ternes du lac briller
Jusqu'à ce que des choses sortent de son sein.
Là-bas luisaient, à des lieux innombrables,
Les tours d'une ville oubliée ;
Les dômes ternis et les murs moussus ;
Des flèches aux algues emmêlées et des salles vides ;
Des temples abandonnés et des caveaux d'épouvantes,
Et des rues dont l'or n'était pas convoité.
Tous cela je l'ai comtemplé, mais j'ai vu aussi
Une horde d'ombres informes qui glissait lentement ;
Une horde malsaine qui sous mon regard
Semblait se livrer à une danse hideuse
Autour de sépulcres visqueux, proches
D'un chemin que nul ne parcourt jamais.
Emmanant de ces tombes monta une clameur
Qui trembla la maussade tranquilité des eaux,
Tandis que des ombres funestes venues de l'espace éthéré
Hurlaient à la face sardonique de la lune.
Alors le lac s'enfonça dans son lit,
Aspiré dans les cavernes de la mort,
Jusqu'à ce que la terre infecte ainsi mise à nue
S'élèvent en volutes fétides des vapeurs délétères.
Aux alentours de la cité, presque découverte,
Les ombres monstrueuses dansaient de plus belle,
Quand, regardez ! Brusquement s'ouvre
Les portes de chaque sépulcre !
Aucune oreille ne saurait comprendre ; aucune langue ne saurait décrire
Quelle horreur surgit à cet instant.
Je vis le lac, cette lune grimaçante,
La cité et les choses en ses murs...
Eveillé, je prie pour que sur cette rive
Le lac du cauchemar ne s'enfonce jamais plus 
 H.P. Lovecraft

La Lune dans un ciel noir - The Moon in a dark sky - Bouresse, Poitou-Charentes

 
 

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