J'écris mais je ne sais pas pourquoi j'écris. Peut-être parce que l'on me l'a demandé ou bien parce que j'en avais envie. Je ne sais plus...
Quand j'ai commencé à écrire, premiers balbutiements, les mots s'alignaient sagement sur les pages de mon cahier. Ils s'entendaient à merveille. Tout d'abord timides, ils se cachaient derrière les virgules, s'accrochaient aux tirets, leurs grands yeux plein d'interrogations. Emu par tant d'innocence, je les pris sous mon aile et leur appris tout ce que je savais.
Ils prenaient peu à peu de l'assurance, allant, venant, sautillant gaiement d'une ligne à l'autre. Ils chantaient à mon oreille une douce mélodie que nous écrivions sur des portées aux lignes bleues. Ils étaient ma fierté, ma raison d'être. Les années passées avec eux me comblaient de bonheur.
Mais depuis quelques temps, chose étrange, le crayon glisse sur la feuille et griffonne des mots que je ne comprends plus. Je n'en suis plus maître. Cela va trop vite. Malgré tous mes efforts, ils ne m'écoutent plus. Ils m'ont littéralement mis entre parenthèses.
Je ne sais pourquoi une telle rébellion. Plus question de phrases élégantes et bien tournées, elles sont toutes alambiquées, désormais. Impossible de trouver mes mots et de les ordonner. Ils se heurtent, ne se supportent plus. La tension monte, je ne les contiens plus...
Le temps a passé. J'ai pourtant tout essayé. Balayer d'un trait ce brouillard insensé, reprendre le contrôle de mes idées. Mais rien n'y a fait. J'ai refermé mon cahier. Et c'est résigné que j'attends le point final comme ultime délivrance.
Sandrine Berthault - 14 décembre 2021
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Quel demain ?
Notre terre est en feu,
Sa colère est si vive,
Trop de cendres sous nos pas
Prends-moi la main,
Je vais te montrer où mes pensées s'égarent
Loin du tumulte de ce monde
Les glaces fondent,
Emportant avec elles l'ours blanc
Et la cime des montagnes
Prends-moi la main,
Partons ensemble explorer la nature
Verdoyante et sauvage
Certains ont tout, d'autres n'ont rien
Que le cœur sur la main
Mais qui donc se plaint ?
Prends-moi la main,
Je vais te montrer une terre riche et généreuse
Qui regorge de vie
Demain est à toi, ne le gâche pas
Ouvre les yeux et tu verras
Demain est à toi, ne l'abandonne pas
Il a trop besoin de toi !
Sandrine Berthault, le 15/01/2022
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Passe la vie, passe le temps
J'ai mis mes mains dans la terre
Et j'ai semé aux quatre vents
Les fruits d'une douce chimère
Qui ruinent notre univers
J'ai construit humblement
Un monde imaginaire
Sans souffrance, ni colère
Dans mes bras blotti tendrement
Tout l'amour d'une mère
Sage, courageux et fier
Tu n'as plus besoin de moi, à présent
Ultime arrêt, dernière passagère
Quand mon corps sera poussière
Brillera le souvenir brûlant
De mon souffle éphémère
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Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir s’y mirer
Naufragé éperdu noyant son désespoir
Sur le bord de tes lèvres, je me suis échoué
Tes cheveux, toile d'or illuminant le soir
Eclairent mon chemin d'une lueur poudrée
Ton doux parfum m'enivre et me redonne espoir
Qu'un jour tes bras m'enlacent, pour ne plus me quitter
(D'après un poème d'Aragon - 03/03/2022)
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Petite graine
Toi si petite, graine légère, envolée, tombée au creux de la terre, tu puises ta force dans ses profondeurs.
L'eau de la source te fait germer et dresser la tête vers le ciel.
La chaleur et les rayons du soleil te font grandir, encore et encore.
La pluie roule sur tes feuilles aux reflets scintillants, déesse et sa parure de diamants.
À la belle saison, ta corolle s'entrouvre et déploie un à un ses pétales éclatants. Ton doux parfum et ton nectar sucré attirent les plus curieux et les plus gourmands. Qui peut résister à tes charmes, maintenant ?
Tu connaîtras le vent, la tempête, un soleil cuisant, des nuits glacées, mais rien ne t'arrêtera de pousser.
Tu es née pour être belle et ta beauté te fait reine, la nature t'entourant de toutes ses attentions.
Et puis un jour, une petite main passera par là et te cueillera délicatement pour t'offrir avec amour à la plus belle des mamans.
Sandrine Berthault, le 24 mars 2022
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Mon seul ennui, les jours raccourcissent
Les longues soirées d'été s'obscurcissent
Toutes ces minutes qui nous sont volées
Vont partir peu à peu en fumée
Le temps furtif d'un été
De goûter la fraîcheur du soir
Des étoiles filantes dans le noir
Vous faisiez un vœux, Mademoiselle
Les scintillements de la voie lactée
Brillaient dans vos yeux enchantés
Des mystères de l'univers
Elles continuent de passer
Et nous laissent bien désoeuvrés
Dehors, tout est silencieux
C'est bientôt l'heure de la veillée
Le parfum des châtaignes grillées
Vous, jeune et tellement belle
Moi, fougueux, hurlant de désir
Amoureux à n'en plus finir
Alors tant pis si les jours sont plus courts
Tant que vous êtes là, mon amour
Le temps peut ainsi passer
Rien ne pourra nous séparer
Sandrine Berthault, le 14 août 2022
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La lecture confirme cette intuition hasardeuse , c'est super beau !! L'été s'en va, les étoiles filantes passent, les mystères de l'univers nous dépassent, notre jeunesse passe et que reste t'il ? l'Amour, le vrai, le sincère, celui qui dure, et pour moi qui dure depuis 60 ans.
Merci Sandrine pour cet ode à l'Amour, merci et bravo !!!
Victor Hugo écrivait : " C'est une triste chose de songer que la Nature parle et que le genre humain ne l'écoute pas" ... Le malaise ne date pas d'aujourd'hui .....