Mais pour mériter une place au Paradis et une sépulture au cimetière, il fallait mourir "naturellement". Il n'était pas question de parler de suicide au XVII ème siècle et certains décès étaient probablement maquillés en accident, comme le sous-entend Gloria Godard dans son dernier article "Mortel temps des cerises" (Centre Presse-26/06/2015) http://lulusorciere-archive.blogspot.fr/. Les registres paroissiaux et les annotations des prêtres sont parfois très instructifs. Ainsi, l'on apprend qu'en juillet 1665, deux habitants de Bouresse, M. Mergault Michel et M. Rousseau Martin, sont morts d'une chute d'arbre à quelques jours d'intervalle. "le 7me a este inhumé Michel Mergault qui cest tue a la Quinetière en cuillant des serises
le 12 a este inhumé Martin Rousseau aussi en cuillant des serises
Je me demande s'il a vraiement été enterré en cuillant des cerises ou s'il
est mort avant en tombant de l’arbre." (Source : http://lagodardiere.net/genealogie/Archives_insolites_86/fic66.html) Ferronerie d'Art au service de Dieu Parfois, des faits divers peu communs ont lieu, comme le 19 mars 1709 : "Le 20 mars 1709 a été inhumée le corps de Catherine Gervais, vivante femme de Jean Jamet, métayer du village des Châteliers, lequel corps fut trouvé hier, 19 du présent mois, dans une fosse pleine d'eau qui est dans le jardin des Châteliers où elle aurait été jetée la nuit précédente après avoir été étranglée, ainsi jugé par la visite qui en a été faite." L'enterrement fut fait en présence de Sébastien Brigide, maréchal, Jean Bois, sargetier, Sébastien Gervais, père de ladite Catherine et de plusieurs autres qui ont tous dit ne savoir signer. Cherpantier, curé de Bouresse (Sources : AD 86 - Bouresse BMS 1702-1724) Détail d'une Vierge à l'Enfant Sépulture de Madame Catherine Aubar, Marquise de Campagne (1868-1962) ***** Certains ont trouvés la mort en passant par Bouresse : "Le 20 juin 1701 est mort Jacques Tibaut, archer huissier de la Maréchaussée de Poitiers, lequel en passant par ce bourg pour aller à Chabanais, tomba malade d'apoplexie et ayant été sans parole et sans connaissance deux nuits et un jour, mourut après avoir reçu le saint sacrement de l'extrème-onction et fut porté à Poitiers pour y être enterré en la paroisse de St Didier." (Sources : AD 86 - Bouresse BMS 1695-1701)
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D'autres sont restés anonymes ou oubliés de tous, jusque dans la tombe.
André Cherpentier, curé de la paroisse écrit : "Le 28 mai 1699 est mort un pauvre homme fort, grand et vieux dans la grange du village du Plaix Gaillard sans savoir son nom. On a dit qu'il était de la paroisse de Mouterre et parent de Giraud de Brepouil." L'enterrement fut fait en présence de Mathurin Mérigeault et de Jean Portelance. (Sources : AD 86 - Bouresse BMS 1695-1701)
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"Le 9 juin 1699 est mort un pauvre homme âgé d'environ 50 ans dans le village Dabean (Nablan), qui a dit s'appeller Michel Emery du lieu de la Trimouille et a été enterré dans le cimetière de la paroisse en présence de Pierre Soulas, de Martin Bellemet et de plusieurs autres qui ne savent signer."
(Sources : AD 86 - Bouresse BMS 1695-1701) Et puis, il y a eu les enfants, partis beaucoup trop tôt...
"Le 21 juin 1701 a été enterré François Leguille, fils de Pierre, âgé d'environ 6 mois lequel se trouva mort dans le lit de ses père et mère." (Sources : AD 86 - Bouresse BMS 1695-1701) "Le 8 octobre 1701 est mort un petit enfant âgé d'environ 6 ans à la Grange Abonnet (La Grange à Bonnet) appellé Jean, natif de la paroisse de Moussac et a été enterré dans le cimetière de cette paroisse le même jour en présence de Mathias Gautier et de Jean Robin.
(Sources : AD 86 - Bouresse BMS 1695-1701)
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Le 12 octobre 1925 est inhumé François Humbert, décédé suite à un accident de charrette survenu la veille. On avait cru d'abord que l'accident n'aurait pas de suites graves, mais voilà que le blessé succombe cette nuit à la suite d'une rupture de vaisseau, d'une hemorragie interne qu'on ne supposait pas devoir se produire. (note de l'Abbé Pailler)
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Les épidémies ont fait également de nombreuses victimes parmi les habitants de la commune.
Ainsi, L'abbé Pailler relate "comme un évènement d'histoire locale" l'épidémie de rougeole qui sévit dans la commune et dans les communes voisines en 1926. 11 avril 1926 : "Début de la suette miliaire par une épidémie préalable de rougeole chez presque tous les enfants." Selon le prêtre, cette épidémie aurait pris naissance à Nérignac un mois auparavant et s'étend désormais sur Moussac, Gouëx, Queaux et Bouresse."
Les cours de catéchisme et les classes sont suspendus pour donner aux enfants le temps de se remettre. Mais malheureusement, l'épidémie s'étend inexorablement aux adultes et aux personnes âgées.
18 avril 1926 : Une cinquantaine de personnes malades requièrent les soins d'une religieuse garde-malades que l'abbé Pailler va chercher à Poitiers. Jacques Gagner âgé de 8 ans succombe de la suette miliaire le 22 avril. Article paru dans la Semaine (Avenir du dimanche) du 18 avril 1926 25 avril 1926 : La procession de la Saint-Marc à la chapelle de la Rigaudière est annulée car trop de paroissiens sont malades. Ils sont maintenant plus de 80. 9 mai 1926 : Marcel Desvignes et Denis Pineau, âgés de 13 et 18 ans sont à leur tour emportés par la maladie. Article paru dans la Semaine (Avenir du dimanche) du 16 mai 1926 ......... L'abbé Pailler note : "L'épidémie prend en certains cas un caractère effrayant par ses symptômes sur le coeur et le système nerveux et foudroyant par la rapidité de son évolution mortelle. Affolement de la population.
La communion solennelle qui aurait dû avoir lieu le jour de l'ascension est retardée en raison de l'épidémie.
Les glas ne sont pas sonnés. Le Sous-Préfet de Montmorillon me demande, comme il l'a demandé aux confrères des paroisses où sévit l'épidémie, de raccourcir le plus possible les cérémonies religieuses à l'église comme mesures prophylactiques (préventives).
Toutes les fêtes, les foires ou réunions sont suspendues depuis déjà plusieurs semaines. Les classes sont fermées depuis déjà un certain temps. Le pays est mis en quelque sorte en quarantaine. Défense aux habitants de quitter la région contaminée et défense aux étrangers de passer par la région contaminée. Article paru dans la Semaine (Avenir du dimanche) du 23 mai 1926 L'épidémie, cependant, a été moins redoutable à Bouresse qu'à Nérignac, Queaux et Gouëx où la mort a emporté presqu'en même temps jusqu'à trois personnes dans la même maison et jusqu'à quinze personnes en quinze jours.
Presque personne n'accompagne le mort à sa dernière demeure. À peine pose-t-on le corps à l'Église afin de suivre autant que possible les prescriptions du Comité d'Hygiène.
Certaines personnes, trop affolées par la peur de la contagion, étaient portées à violer le devoir de la charité qui nous commande de subvenir aux besoins du prochain, au péril même de notre vie.
À Gouëx, le curé de la paroisse dût ensevelir des morts à défaut de quelqu'un pour remplir ce devoir." Article paru dans la Semaine (Avenir du dimanche) du 6 juin 1926 20 mai : L'état des malades va en s'améliorant et l'espoir de voir cette épidémie cesser renaît.
Mais tout l'arrondissement de Montmorillon reste sujet à des mesures de prudence pendant encore quelques temps.
La communion solennelle est enfin célébrée le 6 juin, mais, du fait de l'épidémie encore présente dans la région, la cérémonie est écourtée pour éviter un trop long rassemblement de paroissiens et des risques de nouvelles contaminations. Article du 20 juin 1926 paru dans la Semaine (Avenir du dimanche) Article du 27 juin 1926 paru dans la Semaine (Avenir du dimanche) .........
L'abbé Pailler décrit, comme suit, les symptômes de cette terrible maladie qui a sévit cette année-là dans de nombreuses campagnes françaises : Les symptômes étaient des sueurs profuses et abondantes qui inondent couvertures et matelas, une soif intense et insatiable, un coeur qui s'affole, une éruption de prurit ressemblant à la rougeole ou à la scarlatine, de la fièvre jusqu'à 43°, sensation d'étouffement, constriction thoracique, une barre qui pèse sur l'épigastre lourdement. Une mort foudroyante parfois, même pour les hommes bien portants quelques jours auparavant. ......... Ces quelques mois d'une vie ont dû paraître une éternité...
***** 19 juin 1938 : Tué par la foudre